· J’ai participé au Forum d’Automne de l’ICF dont
le thème était : les défis d’un monde sans frontières. Dans la table ronde
d’ouverture, quelqu’un a dit : « de fait le monde est sans
frontières », ce qui peut vouloir dire que nous sommes tous interconnectés
ou interconnectables via les réseaux mondiaux. Mais du point de vue de
l’intervenant, « cette situation pose problème, car sans limites, je ne
sais pas où je vais, je ne sais pas ce que je vais devenir ». Il est donc sain
de se fixer des limites, nos frontières étant moins géographiques que mentales.
Partant de l’acceptation que nous ne pouvons pas tout être et tout faire, se
donner des limites suppose des choix, pour lesquels la recherche de sens trouve
sa place dans le coaching.
· Un participant a demandé : comment
faites-vous, vous les coachs, pour accompagner la recherche de sens ? Il y
a eu un grand silence dans la salle, ce qui a montré la pertinence de la
question. Le débat qui a suivi a porté sur la pertinence de l’objectif de
coaching. Lors de l’établissement du contrat de coaching nous aidons le client
à le formuler. Mais comment dépasser un objectif trop simple car formulé de
façon prématurée ? L’expérience montre que ce n’est qu’au bout de
plusieurs séances que la véritable demande se fait jour, et qu’il devient
possible de clarifier l’intention ou l’orientation du coaching. Notez la
différence de mots : objectif suppose un résultat observable, intention indique
une orientation dans laquelle cheminer avec son client, la concrétisation
n’émergeant qu’au bout d’un certain temps. Client et coach voyagent donc
ensemble dans une direction qu’ils se sont donnés, le sommet à atteindre étant
encore dans les nuages au moment du départ.
· Comment j’accompagne la recherche de cette
direction à prendre ?
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J’ai confiance dans le fait que mon client à en
lui (ou en elle) les réponses aux questions qu’il se pose. Mon travail consiste
dans une première phase du parcours à l’amener à formuler une question clé qui
se pose à lui dans son état présent en vue d’opérer une transformation source
d’accomplissement et de mieux-être. De la narration de la façon dont il habite
son présent et vit les relations qu’il entretient avec ses proches dans son
contexte professionnel et personnel, va émerger dans un second temps la
conscience de sa part de responsabilité dans ce qu’il dit se plaindre. Placé en
situation d’acteur responsable de son devenir il peut jeter des ponts vers le
futur en formulant des questions puissantes, car remettant en cause des schémas
de pensée, certaines de ses valeurs, et des peurs qu’il va falloir traverser.
Ces questions d’appel sont une mise sous tension intérieure qui indiquent dans
quelle direction investir l’énergie, dans quel sens avancer.
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Il ne suffit pas d’être sur une rive et de
désirer aborder sur l’autre rive pour être au bout de ses peines : il va
bien falloir s’embarquer et quitter la sécurité de l’état antérieur. Ce passage
est un moment de vérité, le moment où je lâche la rambarde et où il n’y a plus
d’assurance autre que la sureté de ma jambe et de mon bras. La vérité c’est la
confiance qu’en prenant ce risque je vais pouvoir révéler une part essentielle
de moi-même, celle que le monde attend, et que je peux avoir refusé de montrer
– « c’est notre propre lumière, et non notre obscurité, qui nous effraie
le plus » Marianne Williamson.
C’est aussi la prise de conscience des risques et que ceux-ci peuvent
être limités avec des dispositions appropriées et des apprentissages nouveaux.
Ce moment de vérité est la rencontre avec le Soi profond en relation avec des
forces plus grandes que soi, apportant l’énergie d’oser. A ce moment, la
personne décide d’aller vers soi, selon ce que décrit Anne de Souzenelle dans
« Va vers Toi – la vocation divine de l’homme , Ed Albin Michel»,
et elle découvre le sens de son voyage. Ce sens était déjà présent, mais pas
encore tout à fait conscient, de sorte que cette découverte est plutôt un
dévoilement.
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Une fois aligné avec ce qui fait sens au plus
profond de lui-même, le client est en mesure d’imaginer, de dessiner de
projeter les façons de l’incarner de façon concrète dans sa réalité, qu’il aborde
alors d’un autre point de vue intérieur. Mon travail de coach est alors de lui offrir
l’espace relationnel et réflexif pour faciliter
cette création, de challenger ses intentions et sa volonté de mise en œuvre en
réponse à ses questions clé, d’amortir parfois le choc de la confrontation au réel en en
faisant une opportunité d’apprentissage de sa nouvelle façon d’être.
· En conclusion, le coaching consiste au premier
chef à aider la personne à trouver ce qui fait sens à l’intérieur d’elle-même
pour devenir créatrice d’une nouvelle tranche de vie. Quand le sens est trouvé,
l’agir se manifeste à l’extérieur selon des projets et des objectifs concrets.